Journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions

11 mai 2023 | ccas, Éducation, vacances

Dans le cadre de la Journée Nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions, L’association Initiatives Solidarité Sénégal en partenariat avec la ville de Mont-Saint-Martin, la Fondation pour la Mémoire de l’Esclavage, et le Département de Meurthe-et-Moselle a présenté à l’espace Aimé Césaire une exposition intitulée « C’est notre histoire » (de la Fondation pour la mémoire de l’esclavage), ainsi qu’une conférence de M. Amadou Tidiane Ndiaye, Docteur en Sociologie et en Anthropologie, suivie du verre de l’amitié.

Discours de Brigitte Bessich,
Adjointe Culture, Fêtes et cérémonies, droits des femmes, associations
Mercredi 10 mai 2023

« Au début des années 90′, l’idéologie anticolonialiste du Parti Communiste Français s’illustrait dans les lettres de Jean-Claude Gayssot : il arguait notamment de la dette de la France à l’égard des populations victimes de l’esclavage et se prononçait clairement pour l’institution d’une journée nationale commémorant l’abolition de l’esclavage. C’est encore le groupe communiste, à l’initiative du député Bernard Birsinger, qui  à l’Assemblée nationale en 1998 proposait une loi loi « tendant à perpétuer le souvenir du drame de l’esclavage ». C’est finalement en 2001 que sera adoptée la loi Taubira par le Sénat. Et la « journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leur abolition » est symboliquement célébrée le 10 mai depuis 2006. La France est ainsi le premier État a avoir déclaré la traite négrière et l’esclavage « crime contre l’humanité » et avoir décrété une journée nationale de commémoration pour laquelle nous sommes réunis ce matin.

Du XVIIIe siècle jusqu’au XXe siècle, on a cherché à établir une classification du genre humain, divisé en races hiérarchisées entre elles qui auraient légitimé les conquêtes coloniales. Aimé Césaire disait d’ailleurs : « Le racisme commence avec la colonisation car il a fallu légitimer cette entreprise ». On se base alors sur la couleur de la peau, de la texture des cheveux, de la forme du crâne, de l’angle facial pour tenter de justifier l’injustifiable. Plusieurs études de la diversité du monde vivant sont établies, mais elles échouent toutes à justifier un racisme biologique basé sur les apports de la science. Aux approches de l’anatomie humaine s’ajoutent des considérations sur l’intelligence et la valeur morale des groupes humains pour conclure à l’infériorité de certains d’entre eux. Le développement d’un racisme biologique repose sur la croyance au progrès scientifique agrémenté d’idéologies : et cette notion de « race » a été utilisée pour justifier notamment la perpétration de la Shoah par les nazis, l’apartheid en Afrique du Sud et la ségrégation aux États-Unis.
 
Pourtant dès le début du XXe siècle, l’idée que les différences humaines doivent être considérées comme innées, indélébiles et immuables est battue en brèche par les travaux de nombreux scientifiques.  Et le fait de classer l’humanité pseudo-scientifiquement par « race » n’est alimenté que par la flambée des nationalismes pour faire apparaître leurs interprétations racistes. Claude Lévi-Strauss condamne le racisme basé sur ces principes tout en insistant sur la pluralité des groupes humains : « la diversité des cultures humaines est derrière nous, autour de nous et devant nous ».
 
Le décret d’abolition du 27 avril 1848 dèclare que « l’esclavage est un attentat contre la dignité humaine ; […] en détruisant le libre arbitre de l’homme, il supprime le principe naturel du droit et du devoir ; […] il est une violation flagrante du dogme républicain : Liberté, Égalité, Fraternité.» libérant les colonies et possessions françaises, les esclaves noirs ou métis aux Antilles, à la Réunion et au Sénégal.  Avec la loi Taubira, la République française reconnaît que la traite négrière transatlantique et que la traite dans l’océan Indien et de l’esclavage perpétrés à partir du XVe siècle, aux Amériques, aux Caraïbes et dans l’océan Indien contre les populations africaines, amérindiennes, malgaches et indiennes constituent un crime contre l’humanité. Cette cérémonie, avec celle du 23 mai qui dans les territoires d’outremer commémore les victimes de l’esclavage, nous permet de nous remémorer l’importance de ces pages sombres de notre histoire et d’affirmer l’universalité des valeurs érigées comme principes fondamentaux de notre République.
 

En cette  journée de réflexion civique sur le respect de la dignité humaine je vous remercie d’être présent, je salue la présence de notre ami Amadou Tidiane Ndiaye, Docteur en Sociologie et en Anthropologie qui vous proposera une confréence à 18H et je remercie l’implication de l’association Initiatives Solidarité Sénégal, du soutien de la Fondation pour la Mémoire de l’Esclavage, du Département de Meurthe-et-Moselle et de la Ville de Joeuf, en reprenant les mots de conclusion du discours de Christine Taubira devant l’Assemblée Nationale en 1999 : « Nous allons cheminer ensemble dans notre diversité, parce que nous sommes instruits de la certitude que si nous sommes différents, c’est parce que les couleurs sont dans la vie et que la vie est dans les couleurs ». »

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