77ème anniversaire de la Victoire du 8 Mai 1945 – Journée d’hommage aux déportés

11 mai 2022 | Commémoration

Les élus de la Municipalité, la FNACA et son président Michel Richard, la FNDIPR et les Comités des Fêtes de la Ville se sont rassemblés sous la conduite de l’Harmonie Municipale au 77ème anniversaire de la Victoire du 8 Mai 1945 – Journée d’hommage aux déportés.

Le rassemblement a débuté à la stèle du Général De Gaulle, puis le cortège s’est rendu place Ambroise Thomas, avant de rejoindre le monument aux morts et à la Paix.

Sous l’égide du maître de cérémonie Patrick Lot ont eu lieu les dépôts de gerbes, les allocutions – dont celle de M. le Maire Serge De Carli retranscrite ci-dessous – et des lectures par les enfants de l’école Jean de La Fontaine, ainsi que les hommages à Maurice Barlat et Germain Dubois morts pour la France.

Après la commémoration, un vin d’honneur a été offert par la municipalité en salle des mariages

Discours du 8 mai 2022
de M. Serge DE CARLI

Maire de Mont-Saint-Martin
Conseiller Départemental,
Président du Grand Longwy

« Seul le prononcé fait foi

Mes chers ami-es, un certain nombre d’entre vous ont été les témoins des événements.

Le 8 mai 1945, vous avez entendu, pour la deuxième fois, depuis le 25 août 1944, où Paris se libérait, vous avez entendu la sirène de notre mairie.

Les cloches de nos églises retentirent pour annoncer que l’Allemagne nazie était vaincue. Qu’elle acceptait, sans condition, de cesser toute agression et de mettre ainsi un terme au plus grand drame que la France, que l’Europe, et le monde, aient connus.

Jeunes de Mont-Saint-Martin, retenez ces chiffres :

50 millions de frères, de sœurs, de mères, de pères, de grands-pères et de grands-mères, d’oncles, de tantes ou de cousins, à l’image de celles et ceux qui vous entourent et qui vous choient, ont été tués entre 1940 et le 8 mai 1945.

50 millions de morts ! Imaginez un pays comme le nôtre, en partie réduit en cendres, vos rues vides, vos maisons et vos immeubles vides, imaginez un univers sans voix, sans cris d’enfants, un pays entier où régnerait un silence de plomb, un silence définitif.

La guerre fut mondiale. Avec 600 000 morts, la France paiera un lourd tribut à cette abominable page de l’Histoire de l’humanité. Tous les pays européens furent saignés, à commencer par l’Allemagne, elle-même. Elle vit plus de 6 millions des siens disparaître dans les affres de la guerre.

Au cruel palmarès des nations martyres, figure un pays qui paiera, plus que tout autre, la volonté hégémonique de l’Allemagne sur l’Europe. Ce fut le peuple de l’ex-Union soviétique.

Celle-ci mena une guerre de libération nationale, durant laquelle, plus de 21 millions de ses enfants laissèrent leur vie.

Les Etats-Unis, et la courageuse Grande Bretagne, paieront aussi chèrement cette victoire contre les nazis.

Le prix du sang pour la liberté scelle à tout jamais des liens de solidarité entre tous ces peuples.

Et puis, le 8 mai 1945 mit un terme au crime le plus inouï commis contre l’humanité : la Shoah.

C’est-à-dire l’extermination systématique des Juifs français, des Juifs allemands, des Juifs polonais, des Juifs ukrainiens … en un mot, des Juifs des pays d’Europe occupés par les troupes de l’Allemagne nazie.

Cette guerre mondiale, ces massacres généralisés, ce génocide, scientifiquement organisé, ne nous sont pas tombés du ciel. Ils sont le résultat d’une volonté politique basée sur une idéologie : le nazisme.

Cette idéologie, incarnée par Hitler, avait une base : l’affirmation, assumée, que le monde était inégalitaire et la négation de la démocratie. Et dès lors, l’affirmation qu’un groupe d’humains avait donc le pouvoir absolu de conduire le monde à sa guise alors que tous les autres étaient, en quelque sorte, des sous-hommes, juste bons à servir leurs ambitions et leurs desseins.

Car le nazisme, c’est la loi de la plus forte portée à son paroxysme, le nazisme c’est l’inégalité devenue religion d’Etat.

Cette idéologie, un peuple, le peuple allemand l’a fait sienne, un temps.

Nous ne méditerons jamais assez cette réalité.

En permettant à Hitler d’accéder au pouvoir en 1933, la grande majorité des Allemands n’imaginait pas un instant que le parti nazi, et son chef, les conduiraient vers l’enfer et vers la mort, pour 6 millions d’entre eux.

Certes, ils connaissaient la brutalité des nazis quand ils injuriaient les journalistes. Certes, ils connaissaient leur anti communisme et leur antisémitisme viscéraux, mais ces signes ont pesé si peu face à leur souffrance sociale, face à l’humiliation née au lendemain du traité de Versailles de 1919. Un traité qui faisait des allemands des citoyens de seconde zone.

En 1933, la plupart des allemands espéraient, avant tout, en finir avec une classe de politiciens impuissants à régler leurs problèmes, à régler le chômage de masse et la misère nés de la crise financière de 1929.

Les Allemands ont été mystifiés.

Hitler sut dédiaboliser son image. Il s’est employé à montrer un visage et un programme propres, où il était question de grandeur nationale, de travail pour tous.

Dignité et travail, dans sa bouche, dans ses interventions publiques, tout devenait possible pour peu qu’on écarte les communistes et les juifs présentés comme les ennemis de l’intérieur de l’Allemagne, comme les empêcheurs de vivre mieux.

Le désespoir étant si profond, la volonté de s’en sortir était si grande, qu’il se trouva une majorité du peuple allemand à ne retenir que les promesses.

A l’inverse de ce qui se dit trop souvent, ce ne sont pas les plus démunis, les chômeurs, les ouvriers et les employés qui portèrent Hitler au pouvoir, mais les couches moyennes, effrayées d’être les prochaines victimes de la crise économique et sociale qui frappait l’Allemagne de l’époque.

Hitler a donc menti aux Allemands et le mensonge a pris.

La division de la gauche allemande lui facilita une ascension qui n’était pas irrésistible. Car c’est aussi une leçon de cet instant capital de l’Histoire : divisée, sans programme social clair et net ouvrant un avenir au peuple, comme ce fut le cas en France en 1936, la gauche allemande a laissé la voie libre aux démagogues nazis.

Crise économique du capitalisme, chômage de masse, pauvreté de masse, inégalités, divisions de la gauche, soif de pouvoir d’une extrême droite prête à tous les mensonges, prête aux fausses promesses sociales….

Cela ne résonne-t-il pas à nos oreilles ?

Si l’Histoire ne repasse jamais les mêmes plats, convenons, nous tous, qui sommes rassemblés ici, ce matin, que ces mots, que ces situations, ne nous sont pas totalement étrangers, et que pour certains, on les croirait sortis, ce matin même, d’un flash ou d’un bulletin d’informations.

Mesdames, Messieurs, quand la France va mal, l’extrême droite va bien. Pour accéder au pouvoir, elle n’hésite pas à se parer de républicanisme, de laïcité, de social même. Ecoutez l’extrême-droite française, les Zemmour et Le Pen, dire que la laïcité est en danger. Entendez-la s’épandre sur nos protections sociales en danger.

Ou sur le chômage qui nous menace. Mais que dit-elle des causes et des raisons réelles de ces dangers ?

Qu’ils sont le fruit d’un système qui draine vers une minorité de possédants l’immense richesse que crée le monde du travail et sans lequel rien n’existe ? Sûrement pas.

Marine Le Pen et les siens se gardent bien de dénoncer le système inique où l’inégalité est, elle aussi, élevée au rang de religion.

Un système où 86 personnes possèdent un patrimoine égal à celui rassemblé de 3,5 milliards d’êtres humains !

Un système où l’appropriation individuelle, où l’accaparement, font de notre pays la championne d’Europe du nombre de millionnaires, quand 8 millions d’entre-nous vivent en dessous du seuil de pauvreté.

Un système qui fait aussi de la France la championne d’Europe en terme de versement de dividendes. Sachez que ces dividendes ont augmenté de 269% sur les 20 dernières années, de 42% en 2021, soit 70 milliards d’euros ! Quel Saintmartinois, travaillant au SMIC, ou quelle retraitée de notre ville, a vu son salaire, a vu sa pension, augmenter de 42% en 2021? Où est la justice sociale dans de telles conditions ?

Non, l’extrême-droite se garde bien de faire ce constat qui désigne, de facto, les auteurs de nos maux et les fractures qui abîment notre pays. Pour elle, nos maux ont une cause unique, les immigrés d’hier, et ceux de maintenant. Les immigrés d’aujourd’hui sont-ils en train de remplacer les Juifs d’hier ?

Et le mensonge est en train de prendre, comme l’a révélé le journal Le Monde dans un récent sondage.

Le mensonge prend d’autant mieux que l’exaspération sociale et la crise politique et culturelle sont à leur comble, que le sentiment d’abandon est grand.

Il prend particulièrement auprès des couches moyennes et, depuis peu, dans les couches populaires qui craignent d’être entrainées à leur tour dans la spirale infernale de la régression sociale.

Dans un tel contexte, il ne suffit plus d’en appeler, droit dans ses bottes, aux préceptes de la République. Il faut remettre l’intérêt du peuple, l’intérêt général, au cœur de notre politique économique et sociale.

On échappera à la menace d’un régime libéral et autoritaire qui se dessine par une seule issue : construire une France nouvelle, sociale, solidaire, écologique. Une France basée sur le respect et l’égalité et donc sur une juste répartition des richesses créées par notre peuple.

Pas de paix sans paix sociale. Pas de paix sans l’espoir partagé par tous d’un avenir meilleur.

Oui, il faut augmenter les salaires et les pensions.

Oui, il faut construire massivement des logements pour les jeunes.

Oui, il faut garantir de bons soins pour chacun.

Oui, il faut consacrer les aides publiques aux entreprises.

Oui, il faut une école forte, capable de donner à chacune, à chacun, toutes les chances de la réussite.

Tous les efforts, tous les moyens doivent être consacrés à cet objectif, et pour y parvenir, il faut prendre l’argent là où il est, là où il déborde de manière indécente.

Notre pays est riche. Il est riche de ressources matérielles, il est riche de ressources humaines.

Une France forte, d’un peuple ambitieux, pour lui-même, et pour les autres, a un avenir.

Il faut cesser de dire aux français qu’il n’y a pas d’autre chemin que celui de l’austérité, comme on leur répète, depuis 40 ans, en haut lieu. Ces paroles désespèrent la France du travail.

Les citoyens doivent refuser d’être réduits à l’état de variable d’ajustement de systèmes économiques ultra-libéraux qui mettent l’argent au-dessus de l’intérêt humain.

Avec d’autres, je dis que nous avons tous les atouts pour parvenir à ce grand projet national, qui réconcilierait tous les membres de la nation dans un élan émancipateur.

L’état de la France, les menaces qui planent sur notre démocratie, tout cela nous impose des devoirs, ici, et maintenant.

 

Modestement et sûrement, ici à Mont-Saint-Martin, nous démontrons, chaque jour, que la voie de la coopération, que la voie de la solidarité sont des outils efficaces pour que chacun progresse socialement et humainement dans la vie et cela dans l’intérêt du bien commun.

Cette voie, nous affirmons vouloir lui donner encore plus d’ampleur, encore plus de force. Ainsi, comme c’est le cas depuis longtemps ici, nous démontrerons encore qu’unir pour réussir est une démarche qui mène au succès.

Et qu’une collectivité comme la nôtre, au diapason de ce principe, peut déjouer tous les pièges, et notamment, celui du repli, pour avancer résolument vers un avenir positif.

Dans cette tâche, nous avons besoin de toutes les forces, de toutes vos forces, vous qui avez à cœur de célébrer ce 8 mai 1945, et l’espoir que cette date a fait naître.

Au lendemain du 8 mai 1945, comme des millions de nos concitoyens, vous vous êtes écriés « plus jamais ça !».

Le mieux vivre, et le bien vivre ensemble, sont les seuls contre-poisons à la haine, à la guerre et aux barbaries qui font des ravages sur tous les continents, en particulier en Afrique du nord ou au Moyen-Orient, et depuis 2 mois, en Ukraine.

A nous tous, unis, d’en faire les alternatives concrètes. Mont-Saint-Martin veut y prendre sa modeste part mais toute sa part. C’est notre ambition.

 

Vive le 8 mai 1945 et le programme des jours heureux né du Conseil National de la Résistance !

Vive la Paix, l’Amitié et la Solidarité internationales !

Vive Mont-Saint-Martin !

Vive la République ! »

 

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