Commémorations du 11 novembre

13 novembre 2023 | Commémoration

Samedi 11 novembre, devant l’Atome de la Paix, ce sont déroulées les commémorations du 11 novembre. M. Le Maire Serge De Carli et les élus de Mont-Saint-Martin, élue de Longlaville, Mme la Députée Martine Etienne, harmonie municipale, porte-drapeaux, M. Michel Richard président de la FNACA Mont-Saint-Martin-Longlaville, les élèves de l’école Jean de la Fontaine, et d’autres personnalités du monde patriotique, associatif et citoyen, se sont réunis sous la direction du maître de cérémonie M. Patrick Lot pour cette journée symbolique, jour d’anniversaire de la signature de l’armistice de 1918.

Discours de M. Serge De Carli
Maire de Mont-Saint-Martin
Président de l’Agglomération du Grand Longwy
Conseiller Départemental de Meurthe-et-Moselle

Nous sommes réunis, ce jour, au pied du monument « L’Atome de la Paix », pour commémorer, ensemble, la fin de la première guerre mondiale.

Les monuments, comme cette belle œuvre de François TIGLI, invitent, partout en France, à nous souvenir, pour ne pas oublier, à honorer nos disparus et à célébrer la Paix, plutôt qu’à célébrer une victoire.

Comment, d’ailleurs, pouvoir parler de victoire ? Cette guerre aura démontré à l’humanité que le progrès technique et industriel pouvait être le moyen de tuer et de détruire toujours plus, toujours plus vite et toujours plus fort. 

Comment parler de victoire quand, 20 ans plus tard, la même tragédie recommençait, plus intensément encore ? 

La guerre demeurera toujours, un cri funèbre, mariant, dans un cérémonial meurtrier, le bruit des canons déchirés à la plainte des mourants.

C’est pourquoi, la fin des combats de la Première guerre mondiale aura profondément marqué les consciences et imprégné les mémoires. Cet évènement a su transcender le temps et franchir les générations.

En ce 11 Novembre 1918, après quatre interminables années, la fureur s’arrêtait. Comme à la fin de chaque guerre, une déferlante de soulagement traversait tout le pays. Malgré ce soulagement, la présence des monuments aux morts nous rappelle, si besoin, que les guerres ont bien eu lieu. 

Leur présence sert à lutter contre l’oubli d’affrontements entre les peuples dont la mémoire peut s’estomper, peu à peu, au fil du temps.

Souvenons-nous. 

Cette guerre devait être la dernière, « la der des ders » comme se l’étaient jurés les « Poilus » revenus de l’enfer des tranchées. Elle ne le fut pas. 

Aujourd’hui, il ne s’agit pas de fêter la gloire de la victoire mais le souvenir du malheur aveugle des années de guerre et de ses causes.

Pourquoi cela ? Parce-que la guerre est, depuis 20 mois désormais, à nos portes. Depuis le 24 février 2022, le monde est en alerte et nous avons les yeux rivés vers l’Ukraine. La guerre s’enlise. Pas un jour ne passe sans que nous ne soyons témoins des ravages et des atrocités de ce conflit. Cette catastrophe humanitaire a déjà poussé 14 millions d’Ukrainiens à être déplacés ou à fuir leur pays. Des dizaines de milliers de civils et de soldats sont morts.

Et que dire du désastre déclenché entre territoires israélien et palestinien depuis le 7 octobre dernier ? L’horreur, la souffrance, la haine de l’autre sont de nouveau à l’ordre du jour dans un secteur du monde en conflit depuis 1947…

La menace de l’utilisation de l’arme nucléaire nous rappelle, chaque jour, un peu plus, l’importance de faire triompher nos deux biens les plus précieux que sont la paix et l’amitié entre les peuples.  

Ce souvenir des conflits armés, couplé à une actualité de violences accrue, de résurgence forte, y compris sur notre territoire, du racisme, de l’antisémitisme, témoigne de cet équilibre fragile, trop fragile, sur lequel repose la paix.

C’est dans ce contexte que nous commémorons, ensemble, en ce jour, l’armistice du 11 novembre 1918. 

Cet armistice a marqué la fin de quatre années de guerre atroces et inoubliables pour l’histoire de notre Nation. Rappelons-nous que 18,6 millions de personnes ont péri dont parmi elles, 1,5 millions de Français. Une « boucherie », comme le disait la presse de l’époque. Derrière l’allégresse et les marseillaises triomphantes, partout, ce 11 Novembre 1918 régnait le deuil, la désolation, les blessures inguérissables, les fils et les maris qui ne reviendraient plus.

Cette « guerre totale » avait mobilisé tous les pans de la société. Aucun secteur n’avait été épargné. Au front ou à l’arrière, c’est tout un pays et toutes nos ressources qui ont été mobilisés au profit de l’effort de guerre : soldats, civils, ouvriers, paysans, infirmières, médecins. Cette mobilisation s’est illustrée autant dans l’effort de guerre que dans ses conséquences, avec en plus des morts, 600 000 jeunes veuves de moins de 45 ans et presqu’un million d’orphelins. Ce drame a touché de plein fouet pratiquement toutes les familles. Il a également dévasté notre économie, plongeant un grand nombre de nos concitoyens dans le désarroi et la misère sociale.

Mont-Saint-Martin n’a pas fait exception à cette tragédie.

Les plaques commémoratives installées au pied de ce monument nous rappellent, chaque jour, les noms de ces soldats, trop nombreux, morts pour la France.

Avec le largage de milliers de bombes sur notre territoire par l’armée allemande, le monde apprenait que la guerre devenait totale. Avec ces bombardements aériens, le monde découvrait une nouvelle forme de guerre encore plus atroce, qui ne se limitait plus aux seuls champs de bataille, mais venait frapper aussi les populations civiles. C’était une bien triste découverte. Désormais, toutes les guerres allaient aussi s’en prendre aux populations civiles. Le désastre ukrainien nous le rappelle chaque jour. Le désastre entre le gouvernement israélien et le Hamas également…

Oui, nous honorons, en ce jour, la mémoire de tous les soldats morts pour la France. Les noms gravés sur nos monuments aux morts nous rappellent constamment les valeurs d’honneur, de courage, de dévouement et de bravoure. Ils nous rappellent la fraternité d’armes.

Pourtant, de nombreux soldats morts sont restés dans l’oubli, alors qu’ils se sont battus à nos côtés et sont morts pour notre patrie. Ces grands oubliés, ce sont les soldats venus de nos anciennes colonies, venus de tous les continents. Algériens, Sénégalais, Marocains, Vietnamiens, Tunisiens, Indiens, ou encore Malgaches, ce sont plus de 800 000 soldats des anciennes colonies qui furent mobilisés et qui ont défendu un sol qu’ils n’avaient jamais foulé. Plus de 100 000 y perdront la vie. Nous ne connaissons pas le nombre encore plus grand de blessés, gazés, amputés ou défigurés.  Ils ont pourtant apporté une contribution essentielle et décisive à la victoire. Ils étaient souvent envoyés en première ligne.

Ces hommes, venus d’ailleurs, ont donné leur vie pour la France. 

Ainsi, des soldats venus de Madagascar, invisibles, eux aussi, sur nos monuments aux morts, ont représenté plus de 41 000 appelés envoyés en métropole. A la fin de la guerre, 2 368 de ces soldats étaient déclarés morts.

A l’heure où les discours populistes et xénophobes montent dans notre pays et partout en Europe, il me paraît capital, en ce jour, de rappeler cet épisode de notre Histoire. 

Cette Histoire nous apprend que de jeunes hommes, étrangers à notre pays, se sont battus et sont morts pour notre patrie républicaine.

Réunir devant ce monument aux morts des personnes d’origines, de cultures, de traditions, de religions et d’opinions différentes n’a rien d’anodin. Je suis convaincu que nous faisons œuvre pour construire un pont vers un monde plus pacifique et apaisé. Quand des personnes de notre commune, d’origines différentes, de confessions différentes, d’opinions différentes, se recueillent ensemble, cela contribue à la construction et au renforcement de notre socle commun de fraternité républicaine. Nous faisons humanité ensemble.

Quand on veut construire une nation fraternelle, la question est moins de savoir d’où l’on vient que de savoir où nous voulons aller ensemble. En tant que Maire et citoyen de Mont-Saint-Martin, de France et du Monde, je veux insister sur l’importance du devoir de mémoire. 

Oui, la grande guerre a dévasté notre pays, et nous devons nous engager chaque jour pour que plus jamais une telle atrocité puisse se reproduire. En ces temps incertains et menaçants pour notre humanité, le souvenir des atrocités et des ravages de la guerre doit nous guider à chaque instant dans nos actions pour faire de ce monde un monde de paix et de fraternité. Parce que la paix ne dépend que de nous, il convient d’enseigner qu’elle régresse quand se renforce la haine de l’autre, qu’elle s’affaiblit avec la compétition entre les peuples, et pire encore, qu’elle disparaît quand meurt la volonté de vivre ensemble. Nombre de conflits armés existent, et d’autres sont latents.

Nous en connaissons toujours les raisons : captations des richesses naturelles, conflits de religions et lutte pour l’appropriation de territoires. « Gagner la paix sera plus difficile que gagner la guerre » disait Georges CLEMENCEAU en 1918. Et pourtant nous sommes désormais des amis de l’Allemagne, et c’est bien ainsi.

La « Der des Ders » disait nos soldats. Ils avaient vécu la peur qui vous déchire les tripes, la certitude de mourir, dans une heure, dans un jour, dans un mois, avant l’attaque des lignes ennemies. Nous ne pouvons remonter le temps pour leur venir au secours. Nous ne pouvons pas tremper nos pieds dans la boue des tranchées pour connaître ce qu’ils endurèrent. Nous ne pouvons grelotter de froid et de peur pour ressentir l’espace d’un instant leur terrible réalité. Alors, au moins, restons leurs fidèles.

C’est en conservant la paix, ce bien si précieux, que nous resterons fidèles à tous ces hommes pour lesquels, le 11 novembre 1918 sonna comme une délivrance.

Vive la Paix, vive l’amitié entre les peuples, Vive Mont-Saint-Martin, Vive la république et Vive la France.

Je vous remercie.

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